17.07.10

[notes journal]

dès longtemps j’entends cette histoire : lorsqu’on annonce au frère de mon père ma naissance, qu’on souligne qu’il s’agit d’une fille il pleure : notre nom dit-il devra s’éteindre avec moi. je me demande souvent quel genre de front j’oppose à mon fruit blettissant ; si je fais face à la branche morte. il se peut qu’un jour mon saccus merdae, le bissac où je loge paraisse issu de rien pour sembler s’y rerendre, mon sang dès lors ne débattant plus qu’avec soi — quel sens, si ténu fût-il, m’aura-t-on conféré ?

cette brunette au bar : délurée, déliée, courts cheveux drus puis pleine de petits nerfs, de petits muscles ; bistre ; palpitante ; la gorge peu épaisse mais joliment ; exquisément sécote, crâne et que j’assiérais volontiers sur le bord d’une table pour y mettre les doigts.

je déjeune à pont croix. à son trousse-pet qu’elle tance, la patronne désigne les tables à servir, à desservir, à dresser : t1, t2, t3... sitôt je songe aux t4 dont guibert au début épie le nombre avec angoisse — ma table n’est pas désignée, je mange au bout d’une façon de desserte où le gâte-sauce récupère et dépose les cartes avec des excuses renouvelées.
parvenue sur les bords du goyen, en direction de l’estuaire farci de cormorans, d’aigrettes et de pêcheurs de coques, je réfléchis qu’en dépit des satisfactions, de l’ample ciel faïencé, des cœurs qu’on hausse, du fleur de la marée, contre tout je peux avoir en effet de ces sales petits jeux suris de correspondances ; qu’au-dedans rien à faire, je ne suis pas un type marrant.

je peux avoir sept ans.
je tiens mon premier journal de vacances, j’y consigne chaque soir les événements du jour avant de les soumettre pour approbation.
écrire c’est toujours au burin, de sorte qu’à trente-quatre années de distance je me souviens d’avoir durant l’été déjeuné de turbot dans un restaurant du hourdel.
dans mon journal les coquilles, les bévues, les repentirs ne sont pas raturés mais placés entre parenthèses comme j’apprends à le faire en classe.
ainsi le titre : « (contrandu) compte-rendu de vacances ».

1 commentaire:

Frédéric a dit…

Tu n'es peut-être pas un type marrant mais tu es une fille formidable.