19.07.10

[notes journal]

une très jeune fille enduit d’ambre solaire le dos de sa compagne parmi les clameurs de tout petits enfants, qui sont en bord de mer ce qui, plus que le son récidivé des rouleaux, plus que l’âcreté des goélands ou des mouettes, l’acrimonie de leurs grandes gorges immodérément dilacérant la coupole bleue qu’ils occupent, plus que le soleil affalé sur l’eau et cette eau frémissant par-dessous comme un gibier qu’on assomme, plus que lui quand il y tartine son tain, me fait, sans que j’en perce la raison, désirer de mourir, plus exactement de me laisser décliner en cessant de m’alimenter ou de boire. cela n’est pas voluptueux ni doux, cela n’est pas tranquille : c’est un spectacle sexuel, péremptoire et sexuel, avec tout ce petit sexe logé dans leurs airs ineffables, contre la main de l’une glissant, de l’autre le dos oint, dans la lèvre gonflée par beaucoup d’application gosse, grosse, mûre, juteuse ; le sexe encore dans cette majesté de pietà équivoque dont la radiance après midi fait qu’elle échoit à ces corps de quatorze ans ou bien de quinze.

une piqûre de guêpe.
douze corpuscules en représailles, chromatisés, gobés crus.

je gagne la veille une plage au-delà de celle du ris par les rochers drapés de leurs moules hermétiques. à tout coup le sortilège opère : la semelle de mes sandales que j’entends s’abraser dans la brise, le soin qu’on prend à ses itinéraires, la façon dont je guée, les veines bleues à mes mains qui les font paraître un peu bises, quelques tendons ici ou là, agissant, sollicités, saillant (dont à les regarder souligner le poignet, marquer le creux d’un coude, dont à les voir accuser le poplité l’on s’émerveille qu’ils répondent, qu’un pep consente), et jusqu’à l’attention que je porte aux petits mondes anfractueux, leur observation dans quoi je m’absorbe, clairets, purifiés, ténus, avec leurs colifichets minuscules évoluant comme à travers une vitre, avec leurs éponges de la taille d’un pouce et n’en ondoyant pas moins, leurs menues houles porcelainières : à tout coup l’enfance me chipe.

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