[notes journal]
les quelques jours passés plein sud en compagnie de j*, de k*, les jours doux, le goût que j’en conçois, à condition cependant que les séances ne durent guère plus d’une heure ou deux, pour la plage au point qu’entre deux bains (que le tuba me rend aimables assez, sous l’eau si seule exquisément, les yeux grands ouverts sur les bancs, leurs bouches paissant, sur ces existences mues semble-t-il et sans effort, les danses, les cadences) il m’arrive, quand pourtant je décrète à k* qu’allongée sur du sable ou des galets je m’accable, à k* qui en rira, de m’endormir au soleil et comme un chat, béatement, sans rêve ou quasi, bercée, salée, inaccoutumée, dans un abandon rare dont je m’éveille un instant repue, satisfaite à très peu près — paupière close encore sur l’orangé — de sentir souffler ténument des brises et qu’elles inventorient mon corps, qu’elles font qu’un moment je le souffre et qu’en outre elles sont très bonnes à l’âme, d’entendre bruire la mer, grande, piotter les petits enfants que je n’aurai pas, deviner au son menu de la chair les femmes que je n’aurai pas non plus, les hommes que je peux envier ; les jours doux durant lesquels nous travaillons ; dont les après-midi sont occupés souvent à rouler dans des autos ou des trains pour gagner notre écuelle d’outremer ; les jours doux, l’amitié que j’y conçois pour la vieille chienne à qui je tiens dans la cuisine ombrée de longues conversations en anglais, en français sans ignorer qu’elle est sourde, que de loin en loin je promène, dont je saisis sous les floraisons violines, les palmes alourdies de grappes safranées, le long des lierres ou des glycines, des grands couteaux des yuccas la laisse, plastronnant comme un marmot, chargée d’une tâche éminente et la bête à mon flanc, occupée quand je la sors à n’avoir pas plus de cinq ou de six ans ; les jours doux au cours desquels je me prends ici ou là, unilatéralement à songer à une femme, qui est fort belle et qui est singulière, d’un songe dont je m’étonne quelquefois qu’il ait le culot de me toquer tant, mais déjà nous sommes trois à rire dans la maison, au fond de la cuisine ombreuse car durant ces jours doux nous rions beaucoup, souvent, d’une joie qu’en dépit de mes vieilles mélancolies crasses de vieux type je sais être une joie comme de vin, soleilleuse et musiquante ; les jours doux ; les jours d’août révolus.
les quelques jours passés plein sud en compagnie de j*, de k*, les jours doux, le goût que j’en conçois, à condition cependant que les séances ne durent guère plus d’une heure ou deux, pour la plage au point qu’entre deux bains (que le tuba me rend aimables assez, sous l’eau si seule exquisément, les yeux grands ouverts sur les bancs, leurs bouches paissant, sur ces existences mues semble-t-il et sans effort, les danses, les cadences) il m’arrive, quand pourtant je décrète à k* qu’allongée sur du sable ou des galets je m’accable, à k* qui en rira, de m’endormir au soleil et comme un chat, béatement, sans rêve ou quasi, bercée, salée, inaccoutumée, dans un abandon rare dont je m’éveille un instant repue, satisfaite à très peu près — paupière close encore sur l’orangé — de sentir souffler ténument des brises et qu’elles inventorient mon corps, qu’elles font qu’un moment je le souffre et qu’en outre elles sont très bonnes à l’âme, d’entendre bruire la mer, grande, piotter les petits enfants que je n’aurai pas, deviner au son menu de la chair les femmes que je n’aurai pas non plus, les hommes que je peux envier ; les jours doux durant lesquels nous travaillons ; dont les après-midi sont occupés souvent à rouler dans des autos ou des trains pour gagner notre écuelle d’outremer ; les jours doux, l’amitié que j’y conçois pour la vieille chienne à qui je tiens dans la cuisine ombrée de longues conversations en anglais, en français sans ignorer qu’elle est sourde, que de loin en loin je promène, dont je saisis sous les floraisons violines, les palmes alourdies de grappes safranées, le long des lierres ou des glycines, des grands couteaux des yuccas la laisse, plastronnant comme un marmot, chargée d’une tâche éminente et la bête à mon flanc, occupée quand je la sors à n’avoir pas plus de cinq ou de six ans ; les jours doux au cours desquels je me prends ici ou là, unilatéralement à songer à une femme, qui est fort belle et qui est singulière, d’un songe dont je m’étonne quelquefois qu’il ait le culot de me toquer tant, mais déjà nous sommes trois à rire dans la maison, au fond de la cuisine ombreuse car durant ces jours doux nous rions beaucoup, souvent, d’une joie qu’en dépit de mes vieilles mélancolies crasses de vieux type je sais être une joie comme de vin, soleilleuse et musiquante ; les jours doux ; les jours d’août révolus.
2 commentaires:
M te ouarff et à bientôt pour les calamars...
k
juste magnifique
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