22.08.11

toutes les fois qu’elle mime le geste de refermer le poing sur un coquelicot, de le serrer sur la sucrerie décaédrique appelée coquelicot, la menue gueulardise rougie qu’à quatre-vingts ans de distance elle pose comme condition expresse à l’ingurgitation d’une tasse de thé des familles – le tout petit bonbon hardiment étreint pendant l’absorption du dépuratif, puis sitôt le thé bu : gobé – chaque fois (combien ? combien de fois pour moi mime-t-elle ? combien dans ce foyer au sein duquel il ne reste que nous, « où nos défauts sont pardonnés, où nos faiblesses sont accueillies », où surtout j’actionne à tout coup ma ferveur à réentendre et redire, à rabâcher ce qui de l’être me bonde ? combien d’incomptables fois ces friandises me contentant sans tout de bon me combler ?), toutes les fois qu’elle me montre combien opiniâtrement elle sait alors enclore ce coquelicot, l’enclaver, l’empaumer fort je cille, sa main grimpant à mon âme cause qu’elle est m’est avis la même ou quasi qu’à quatre fois vingt années d’ici – petite, fluette à l’identique, semblable à celle qui tout de bon corsète le coquelicot, encage alors le bonbon sauf le derme amoindri, mûri, déchu par vingt fois quatre ans et puis le bleu de ses veines avivé.

suite au sourire vaste exquisément de mireille darc : ce smirk ficelle de qui sent à deux doigts sa bonne fortune.
version canaille et popu des trintignant fabian dans la neige de ma nuit chez maud ?

un site communautaire vous remémore ce dix-neuf l’anniversaire de qui voilà trente-cinq ans baise à votre requête expresse, impérieuse, péremptoire votre bouche un rien despote alors, comme urgente, empressante et nécessaire de très petite enfant, et dont votre mère dans l’été deux mil dix vous apprend qu’il vient de mettre un terme à ses jours – et vos lèvres alors sur les siennes mortes, future petite morte, et vous, contre ses tissus muqueux d’ex vivant.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Continue, veux-tu, à défroisser les pétales des coquelicots de ton jadis, à froisser un à un les épis de ton champ : le grain qui en sort est bel et chaud comme le poing de J. s'ouvrant sur le rêvé bonbon.

Anonyme a dit…

L'enfance, la vieillesse, la mort. Tout ça "dans un p'tit coquelicot mon âme". La mémoire qui va et vient,au gré des vagues, au gré des mots. Qui se nourrit des livres lus (cette fois c'est l'Italie de P.Q.). Cette mémoire qui est celle de l'écrivain que vous êtes (oui vraiment),ravive la mienne. Au temps du roudoudou et du grand-père mort un soir d'automne quand j'étais haute comme trois pommes. Ma première rencontre avec la mort.[J]