10.05.11

pour parler d’odeur ici l’on dit volontiers sentiment – je me rappelle un mien oncle à peine connu, se plaignant un été des fourmis volantes qu’obstinément il dénomme fourmis à zailes, ce dont mon père s’agace, ce dont ma mère sourit, au bas bout de la table sous quoi sont des chiens (il y a plus loin du café mis à cuire, du pâté pour le dîner qu’on sert sur des planchettes, on boit de la bière d’orge, de la bière de ménage dont on me donne quelquefois des gorgées à goûter puis dans le sucrier des tablettes, que je pioche quand j’y suis invitée – pour me faire approcher l’on dit bout de cul, ce dont mon père s’outre, dont ma mère rit), puis s’étant plaint décrétant, le visage s’épatant, les lèvres s’étirant, l’œil doux venu, mettons, s’attiser sous la casquette, comme content peut-être de vivre encore un peu : ah mais la nouvelle lessive à thérèse, çà… au soir, quand on va coucher, ça fait dans les draps un si bon sentiment.

choses qui me remémorent p* : maintes.
ce qui me remémore à elle : probablement plus rien.

depuis des mois comme à l’intérieur d’un mortier je broie la nuit tout ce qui me bourrelle le jour.
j’en exprime un épais suc désastreux dans quoi je macère mes rêves.
puis je m’éveille au matin les dents serrées à rompre.

avisant à relire madame bovary huit pieds qui souventefois closent la phrase l’envie me vient, brève, de pratiquer à nouveau la stylistique, de jouir encore d’en manier les outils dont les sots seuls s’outrent, qui croient comme fer que c’est crever le soufflet d’un accordéon pour en percer l’énigme sonore, quand la littérature au contraire en sort plus inouïe, mirobolante à proportion des scrutations chipées qu’on lui a fait subir.
je songe au cercle philologique de leo spitzer.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

je vous lis comme je joue d'un instrument de musique, admettons, je lis cette partition qui fait poème et musique.

Anonyme a dit…

La fourmicreuse encore et encore, broie la nuit,cisèle les mots.