15.05.11

dans la chambre où je devrais dormir ici, mais chambre qu’à tout coup le temps de mon séjour ma mère troque, contre la sienne et sans que je perce pourquoi, l’on fourre voilà quinze ans mon lit d’antan, l’armoire d’antan, écraseuse, accablante, un secrétaire md dont la portion supérieure, qui fait vitrine, contient entre autres nounours et bêbê, que l’on dispose aux soirs d’enfant de part et d’autre de ma tête et sans en inverser jamais l’ordonnancement sous peine que je ne dorme pas (dans un lit qui n’est pas celui-ci, celui-ci que pour ça même je snobe, ne m’émouvant pas, ne m’allant jamais à l’âme que pour la bistourner, en gauchir l’aile, l’ensuquer dans des arias teenage), ainsi que le père à peut-être vingt ans dans un cadre, vingt ans max – il naît l’année où blériot pour avoir enjambé la manche empoche ses vingt cinq mille francs or, je prends ma source dans un très vieux jonc.

« ils prétendent toujours qu’ils aimeraient souffrir à ma place, puisque ce n’est pas possible. »
le père entre deux savons m’assurant, s’il le fallait, pour toi, je donnerais mes deux jambes et mes deux bras.

les yeux sont comme entre-fermés à l’orientale, le veston croisé, la courte chevelure à crans (l’on dit qu’il y porte la nuit des pinces). le moque-t-on déjà, le hait-on déjà pour le dédain qu’il exprime, pour, ainsi, les gants de peau dont méprisamment en retour l’on va répétant çà et là qu’il les gante alors pour toucher son chômage ? le futur défunqué gît dans des à-plats perle ou plomb, payne, des rôties souris.

ma mère et moi notons, quand il rage après moi, que son front s'enfle ; la peau en paraît épaissie. je finis par attendre d’une ire l’autre que quelque chose y pète, mais non.

sur l’épreuve de studio l’on voit encore ceci : le triangle d’un mouchoir en pochette – car croyant aux sortilèges de la mise, il tend vers son impeccabilité. ce qu’en revanche on ne voit pas, sur le cliché ni ailleurs, qu’on ne perce pas c’est ce qu’il cèle, qu’il gaze, carre, passe à l’as et qui lui vaut qu’on l’expédie en cure à néris pour les nerfs : la moitié très coucou – qu’il promène dès longtemps, qu’il me refile en douce, en falsch, au bleu, cette suie pour nous deux, le drap, ma moitié plomb ; la drôle de fumagine et que je ne vois pas. ce que dans la chambre où je dors ici nous nous jetons (lui avec son décavage ; ses cheveux blancs que le jour où je prends la photo je surexpose – ils flambent, et l’on serait bien en peine de départager aujourd’hui si cet incendie le nimbant c’est son fiel après moi s’exhalant, ou si ma hargne le couronne ; sa complexion égrotante qui est aussi mon legs), pour jamais, tous les soirs à la figure.

bref, c’est le quinze mai mil neuf cent quatre-vingt-six.
il meurt.
je passe ici mes nuits sous l’œil noir.

1 commentaire:

Frédéric a dit…

Et moi qui m'étais autrefois convaincu que jamais au grand tu ne laisserais quiconque visiter ton secrétaire DM. Tu fais bien parce que tu fais beau.